La répression anti-syndicale au quotidien dans le privé
Etre militant syndicaliste dans le secteur privé se traduit souvent par des mesures de rétorsion. La loi interdit toute discrimination anti-syndicale, mais le patronat détourne cette législation par tout un arsenal d’artifices qui rendent la vie difficile à ceux qui se montrent trop combatifs et pas assez coopératifs.
C’ est ce qui est arrivé à notre camarade Ludovic LEVY, militant à SUD et élu du personnel à la Sonacotra.
D’ abord son salaire et ses primes sont bloqués depuis plusieurs années, au point de devenir le salarié le plus mal payé de l’entreprise. Ensuite, ses conditions de travail se sont sensiblement détériorées, car les responsables de cette société s’organisent pour lui retirer tous les moyens matériels lui permettant d’effectuer correctement son métier.
Enfin, la direction lui adresse une succession de courriers pour l’accabler de reproches, lui signifier des avertissements, et l’informer d’une mise à pied de dix jours.
En septembre, Ludovic saisit alors le Conseil des Prud’Hommes.
Sans aucun scrupule, le représentant de la Sonacotra est venu expliquer qu’il n’y avait aucune discrimination anti-syndicale, mais une réponse à quelqu’un qui pose de véritables problèmes. Il s’agirait donc surtout d’une démarche personnalisée pour permettre à un salarié de se ressaisir par rapport à « ses insuffisances professionnelles ».
Au harcèlement s’ajoute donc une culpabilisation du travailleur.
D’une certaine manière, la direction de cette société désyndicalise les problèmes pour les personnaliser à outrance. Ainsi, il n’y a plus de luttes sociales, il n’y a
qu’une somme d’individus dont certains ont un mauvais état d’esprit.
Ce discours n’a rien d’innovant, il s’inspire directement des méthodes américaines de « management » qui visent à intégrer le travailleur dans l’Esprit de la Maison. Ceux qui ne marchent pas dans ce système sont invités à démissionner ou sont licenciés.
Il est tout de même important de constater que ce qui fait recette dans le privé pour broyer les militants, s’installe progressivement dans la Fonction Publique, notamment dans l’Education Nationale. Cela a commencé avec l’autonomisation des établissements, le renforcement des pouvoirs du personnel de direction, et s’étendra demain avec la décentralisation régionale.