Bordels du Mondial : un scandale qui en cache d’autres
Quelques extraits de la dernière lettre de la marche mondiale des femmes concernant l’actualité en Allemagne. Les bordels du Mondial ont été évoqués dans certains médias officiels, grâce à la pression militante. D’autres scandales sont encore moins connus.
La traite des femmes et la Coupe du monde
En juin 2005, la presse populaire berlinoise, citant des experts, estime que prés de 40 000 femmes pourraient etre
importées et mises sur le marché de la prostitution en Allemagne a l’occasion de l’événement sportif. Un rapport du Conseil de l’Europe estime que de 30 000 a 60 000 femmes prostituées supplémentaires sont nécessaires pour répondre à la demande accrue : l’événement devrait attirer plusieurs millions de visiteurs en juin et en juillet. Selon un porte-parole de la police munichoise, il y a 2000 femmes prostituées dans la ville, et ce chiffre pourrait être multiplié par trois pendant la Coupe du monde.
Dans les 12 villes où auront lieu des matchs ont été créés des bordels temporaires, des drive-in de sexe, des "cabanes du sexe" ressemblant a des toilettes appelées "cabines de prestation", etc. Le football et le sexe vont de pair, déclare l’avocat du mégabordel de 3000 m2, Artemis, pouvant accueillir 650 clients, et construit près du principal stade de la Coupe du monde a Berlin. Le client prostitueur paie un ticket d’entrée de 70 euros et les femmes prostituées doivent acquitter un
droit d’entrée de 50 euros. Selon la loi allemande, le patron d’Artemis n’est qu’un loueur en meublés, non un proxénéte.
Entre les femmes prostituées et lui, il n’y a qu’un contrat de location. Dans la pratique, en Allemagne, seuls peuvent etre poursuivis les gens qui seraient accusés dans d’autres pays de proxénétisme aggravé. Il faut alors qu’il y ait dépôt d une plainte et démonstration par la victime de la contrainte, de l’usage de la force, des menaces, du chantage, de la fraude ou d’un abus d’autorité.
Si c’est à la victime de fournir les preuves, il n’est pas difficile d’imaginer l’énormité des obstacles a laquelle elle fait face en affrontant des réseaux proxénétes organisés et puissants. De plus, les victimes de la traite a des fins de prostitution risquent l’expulsion comme immigrantes illégales.
Condamner la prostitution forcée !
Dans une résolution, le Conseil de l’Europe a demandé au président de la Fédération internationale de football (FIFA), Joseph Blatter, de condamner la prostitution "forcée". Des associations et des politiciens ont lancé également une campagne, Ab pfiff (Coup de sifflet final), contre la traite et la prostitution forcées, exigeant des clients prostitueurs qu’ils s’informent auprès des personnes prostituées pour savoir si elles sont là volontairement ou non. Joseph Blatter lui
même a exhorté les supporters à ne recourir qu’aux services de "volontaires". L’alternative offerte au partisan de football, assimilé à un client potentiel, est parfaitement biscornue : prostituée forcée (Nein) ou volontaire (Ja) !
Pendant ce temps, la mairie de Berlin se prépare à distribuer 100 000 préservatifs et un tract en anglais édictant les dix règles de bonne conduite pour les supporteurs souhaitant se payer une personne prostituée.
L’autre scandale : la banalisation de la traite
L’impact international du scandale a obligé l’Etat fédéral allemand à retirer une brochure donnant des conseils à de
jeunes Ukrainiennes désireuses d’exercer la prostitution en Allemagne. Le Guide de voyage pour femmes, publié par un organisme dépendant du ministère fédéral de la Coopération, relève qu’il est possible de travailler légalement comme prostituée en Allemagne en évitant les pièges des passeurs et des proxénètes (tels que définis par loi allemande). Mais, ajoute-t-il, cela ne vaut malheureusement que pour celles ayant les autorisations de séjour et de travail nécessaires, par exemple, après un mariage. La loi allemande permet en effet à un
citoyen de mettre sur le marché de la prostitution son épouse et de vivre des fruits de sa prostitution. Il n’est plus un proxénète au sens de la loi, mais un "entrepreneur".
Tout un marché marital avec les "beautés slaves" et les "Asiatiques soumises" a été depuis développé comme moyen légal d’importer des femmes dans le dessein de les prostituer. Le même guide indique que pour éviter tout souci en entrant en Allemagne, il est préférable d’emprunter ce qu’on appelle la frontière verte, c’est-a-dire les endroits sans poste-frontière.
Publié pour la première fois en mars 2005, il a éveillé l’attention du ministère de l’Intérieur, lequel a jugé inopportun qu une publication officielle encourage la prostitution et la traite peu avant le Mondial. Devant la frénésie de la demande allemande, le gouvernement de Lettonie a lancé une campagne dont le but est de
prévenir les jeunes filles des risques qu elles courent à accepter des jobs de danseuse, d’hôtesse ou même de baby-sitter en Allemagne.
Marche mondiale des femmes, tel 01 44 62 12 04 ; 06 80 63 95 25 Fax : 01 44 62 12 34, C/O SUD PTT, 25/27 rue
des Envierges, 75020 Paris, Site : http://www. marchemondiale.org.