Les enfants à l’école, pas en prison !
Notre union syndicale SOLIDAIRES est signataire de la pétition : "nous voulons l’éducation, pas la répression". Pour SUD, une école publique efficace, dans le cadre d’une politique sociale globale qui ne soit pas de l’assistanat, mais de la prévention sur mesure, doit empêcher l’existence de prisons pour mineurs, qui signent l’échec total de notre société avec ses propres enfants.
La vie ne s’apprend pas en prison !
Il était prévu de construire à Meyzieu en 2006 un établissement Pénitentiaire Mineurs de 60 places qui viendrait s’ajouter (sans les supprimer) aux quartiers des mineurs déjà existants dans les Maisons d’Arrêt traditionnelles. Il vient d’ouvrir en mars 2007, malgré l’opposition de nombreux groupes militants, dont SUD éducation.
Sur la France, c’est 400 places qui vont se construire dans 7 Établissements Pénitentiaires Mineurs !
Ces ouvertures nous inquiètent parce qu’elle témoignent :
d’une régression historique
d’une inscription dans une logique répressive et non pas éducative
Qu’est-ce qu’une prison pour mineurs ?
Une forteresse qui symbolise la puissance de l’Etat : un mur d’enceinte de 6 mètres qui a pour but de rappeler en permanence l’emprisonnement aux mineurs qui sont enfermés, mais un mur « discret », sans miradors, pour rassurer la population locale.
Les adolescents seront au nombre de 60, âgés de 13 à 18 ans , prévenus ou condamnés, garçons et filles. Un quartier disciplinaire de 4 cellules est également prévu.
Selon le cahier des charges : « c’est véritablement une prison où tout est construit autour d’un projet éducatif ».
Educative, une prison ???
Si nos politiques ont choisi ces formes "d’éducation carcérale", quelle représentation ont-ils des jeunes et de l’éducation ? Des salles de classe, ateliers d’informatique, terrain de sport, activités socioculturelles, des conditions de détention conformes aux exigences de confort (cellule de 10,5 m2 meublée, douche, tv,...) : beaucoup de publicité pour un recrutement maximum !
Faudra-t-il aller en prison pour bénéficier d’une scolarité, d’activités sportives, socioculturelles ? En effet, que se passe-t-il lorsque les délinquants ne sont pas encore en prison ?
Le club de prévention du quartier ? il n’y a pas un nombre d’éducateurs suffisant.
Le chantier d’insertion pendant les vacances ? les places sont limitées.
Le suivi éducatif ordonné par le Juge des Enfants ? faute de moyens, les mesures restent en attente.
Le retour à une logique de l’enfermement
Jusqu’en 1945, les mineurs délinquants étaient enfermés (bagnes pour enfants, colonies pénitentiaires, maisons de correction...), ceci sans succès. Dans les années 70, les derniers centres fermés furent supprimés en raison de leur inefficacité (violence, échec de l’insertion des jeunes à leur sortie, etc...)
Depuis quelques années, la tentation d’un retour en arrière dans le traitement de la délinquance des mineurs est bien réelle : création de Centres d’Education Renforcée, Centres Éducatifs Fermés, pour aboutir à la création des Établissements Pénitentiaires pour Mineurs.
Nous craignons que la création des prisons pour les enfants n’influence la manière dont la justice va répondre à la délinquance des mineurs : si des places sont créées, il va bien falloir les rentabiliser et donc les remplir, c’est la loi de l’offre et de la demande !
Une logique répressive et non pas éducative
Les poursuites systématiques, l’incarcération ou la mise à l’écart dans des structures spécialisées deviennent le mode habituel de prise en charge des mineurs. Un tel traitement de la délinquance témoigne d’une réponse à court terme, d’effets d’annonces médiatiques, et ne s’interroge pas sur les causes sociales, économiques de ces passages à l’acte et méprise la jeunesse.
Il s’agit de donner une réponse immédiate et simpliste à des actes commis par des adolescents qui sont eux mêmes dans l’immédiateté, sans prendre en considération le temps nécessaire à leur construction.
L’objectif est d’obtenir une paix sociale sans se soucier de l’avenir de ces enfants !
70% des jeunes qui passent en prison récidivent alors que les centres éducatifs ouverts ont un taux de réussite de plus de 60% !
Ce choix de l’enfermement a un coût : 90 millions d’euros pour la construction d’un seul E.P.M., soit 225 000 euros la place.
A ce prix là :
Combien de postes d’éducateurs ?
Combien de places en lycée technique ?
Combien de postes d’insertion ?
Combien de familles d’accueil ?
Ces chiffres témoignent de l’incohérence et de l’échec d’une politique répressive. Enfermer des enfants est l’aveu d’impuissance de notre société à envisager de façon démocratique les questions de l’éducation.
Nous disons NON à l’ouverture de l’Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs à Meyzieu
Associations : SNPES PJJ ; CIRDEL [Ligue des Droits de l’Homme, Syndicat des Avocats de France, Syndicat de la Magistrature, MRAP, UD CFDT, FSU, G10 solidaire, A Gauche Autrement, LCR, Les Alternatifs, MJS, PS, Ras le Front, UNEF, SOS Racisme, FCPE 69, ATTAC-Rhône, AC ! Rhône, Témoins, Demeurant partout, CIRC Lyon, Cabiria, mouvement Le Nid, ARTAG] ;CGT action sociale de l’Ain
Pour tous contacts :
Collectif contre EMP de Meyzieu C/o LDH 5 place Bellecour 69002 Lyon. tel : 06 10 36 83 54
www.ccepm69@hotmail.fr