Haro sur la carte scolaire !
Les politiques ont enfin trouvé la cause de tous les maux de l’école : la carte scolaire. Il faudrait la supprimer ou la réformer. Pour SUD, les vraies questions sont ailleurs.
L’école est un service public de proximité, pas une enseigne du savoir ; les élèves ne sont pas des client-e-s à satisfaire, mais celles et ceux que la société forme, car elles/ils seront, demain, les principales actrices, les principaux acteurs de la vie économique, sociale, culturelle, politique. L’école au plus près du lieu de vie, c’est une école davantage en phase avec la réalité des familles, plus apte à s’adapter.
Si certaines écoles ou établissements sont désignés comme des ghettos, c’est en raison d’une politique du logement et des transports qui renforce la ségrégation sociale. L’école ne peut pas, seule, contrebalancer les erreurs dramatiques accumulées par les professionnels de la politique de tous bords depuis des décennies. La carte scolaire est critiquée car elle ne favorise pas assez la mixité sociale. Pour SUD, une école dont la mixité sociale constitue l’idéal est une école injuste et anti-démocratique. Car la mixité sociale, c’est le voisinage entre personnes riches et personnes pauvres.
C’est à la disparition totale de la pauvreté que nous devons travailler, à l’école et ailleurs. Et à une juste répartition des richesses, c’est-à-dire à une réduction, par le haut, des écarts de revenus. Pour SUD, l’école doit constituer l’un des leviers de l’égalité sociale, et non pas de la mixité sociale. Dans le même ordre d’idée, nous nous opposons à la « discrimination positive » : l’école doit permettre la réussite de chaque enfant, sans se contenter de renouveler une pseudo « élite », conforme à des modèles conservateurs, tout en laissant croupir la majorité des jeunes dans des formations au rabais.
Une des premières pistes pour permettre à tous les enfants d’apprendre ensemble, c’est de réquisitionner tous les moyens dont dispose l’enseignement privé confessionnel sous contrat, et de les attribuer au service public. L’école privée payée par l’Etat, voilà le vrai scandale, et la voie royale pour détourner la carte scolaire le plus simplement du monde.
Un autre enjeu reste la scolarisation des élèves à besoin éducatif particulier (handicap, troubles divers, grande difficulté scolaire) dans l’établissement du secteur. Elle ne peut réussir qu’avec de vrais moyens matériels et humains supplémentaires, un accompagnement, une formation pour les professionnels. Il en va de même pour le développement des internats scolaires, sur lequel la collectivité doit mettre l’accent pour éloigner temporairement un enfant, avant qu’il ne mette sa scolarité en péril, ou qu’il n’entre dans un parcours délinquant.
Pour éviter de voir les élèves se replier sur leur quartier ou leur village, SUD propose de constituer des réseaux d’échanges pédagogiques comprenant un établissement de banlieue, un établissement de centre ville, un établissement rural : activités pédagogiques croisées dès l’école primaire et jusqu’au lycée, échange de correspondance, jumelage, projets communs, sorties pédagogiques et voyages scolaires conjoints, et des déplacements nombreux et réguliers dans les autres établissements. Ainsi, les enfants de la campagne, du centre-ville et de la banlieue vont travailler ensemble, apprendre, faire connaissance sur la durée, et mieux appréhender le quotidien de leurs camarades.
Ce reséau pourrait s’enrichir avec un établissement scolaire d’un autre pays européen, et d’un pays du sud, toujours dans l’objectif de nouer des contacts et d’apprendre ensemble, même à distance.
Les enseignants aussi pourraient travailler alternativement dans chacun des établissements du réseau, pour quelques heures, quelques semaines ou une année, seuls ou en doublette avec leurs collègues. Ce qui implique un service allégé, de la concertation, de la formation sur le temps de travail, en un mot de vrais moyens.
Il ne s’agit que d’une piste parmi d’autres, mais pour SUD, le service public qui assure à chaque enfant une éducation gratuite, laïque et de qualité est à réinventer.
Chiche ?