Le rapport Thélot selon SUD Éducation Orléans-Tours
Les 160 pages du rapport sont un plaidoyer en faveur de la dérégularisation, de la décentralisation et de la privatisation du service public d’éducation par l’intervention omniprésente du monde de l’entreprise. En décrétant que la mission des enseignants serait dorénavant d’enseigner, d’éduquer et d’orienter,la commission Thélot fixe aux apprentissages des objectifs utilitaristes correspondant aux critères d’employabilité d’une main d’oeuvre qu’elle souhaiterait formater par la normalisation
comportementale.
Déréguler pour adapter le métier d’enseignant aux be-soins
du capitalisme moderne.
En proposant que les établissements se contractualisent, en
leur accordant l’autonomie de gestion de 20% de leur budget,
en renforçant la hiérarchie et en transformant le recrutement
et les services des enseignants, le rapport s’engage sur la voie de la dérégularisation. Les obligations de service des personnels varieraient ainsi d’un établissement à l’autre selon les projets. Ce serait donc la fin de la définition nationale des services.
Décentraliser la formation pour mieux la privatiser.
Toujours dans la lignée de la loi de décentralisation et plus
particulièrement de son article 86 voté en catimini en juillet, le rapport Thélot se prononce pour la transformation des écoles élémentaires et maternelles (ou de ce qu’il en restera) en établissements avec, à leur tête, un chef. (C’est le retour du rapport Pair commandé par Jospin et Allègre).
Il est aussi prévu de faire appel aux maires pour gérer les réseaux des partenariats associatifs locaux chargés d’intervenir dans le périscolaire et « à la lisière » de l’activité scolaire elle-même. Il conditionne le devenir des établissements aux exigences économiques locales en adaptant les projets aux demandes patronales. Bref, il aménage les priorités pédagogiques en fonction des bassins de formation dans lesquels les entreprises seraient appelées à jouer le plus grand rôle.
La formation scolaire devrait s’adapter à cette avancée vers
la décentralisation/privatisation. Le rapport Thélot laisse une large place aux formations par alternance confiées aux CFA, offre aux entreprises un rôle direct de formation, multiplie les stages en entreprises à tous les niveaux en même temps qu’il réduit la formation de base au minimum dans son « socle commun des indispensables » constitué de « connaissances » en français et mathématiques (en gros lire, écrire et compter), et deux « compétences » utilitaires, l’anglais de communication internationale et l’utilisation de l’ordinateur, enfin de « l’éducation à la vie en commun dans une société démocratique », dont le champ s’étend de la politesse à la chose publique, avec une très grande insistance sur le comportement.
La philosophie qui sous-tend l’ensemble de ce rapport est
marquée du sceau de l’utilitarisme pédagogique. Les objectifs
donnés aux apprentissages correspondent aux critères
d’employabilité, et aux besoins actuels des entreprises. Le
monde du travail est la nouvelle raison d’être et l’aboutissement de tout le système. Les entreprises locales sont les fournisseurs, les inspirateurs et les bénéficiaires.
Une fois de plus, nous avons à faire à une opération de mise à mal et de destruction des services publics lancée par le gouvernement.
Il s’agit pour lui de les discréditer en faisant douter
de leur efficacité, ce qui lui permet de les confier aux collectivités locales et de créer les conditions de leur privatisation.
Pour s’opposer aux conclusions de ce rapport et surtout
à la loi d’orientation, il est évident qu’il ne faut pas se cantonner à une riposte isolée des personnels de l’Education Nationale qui ne mènerait qu’à l’échec, voire qui ferait le jeu de ceux-là même contre qui nous prétendons lutter. Il leur serait facile de crier haro sur les enseignants, ces privilégiés arc-boutés sur leurs positions et refusant toute évolution.
Nous ne sommes pas les seuls concernés. Tous les secteurs
sont aujourd’hui visés. Le rapport Camdessus l’annonce désormais clairement : il s’agit pour le capitalisme moderne de casser tout le droit du travail, toutes les garanties collectives.
Le gouvernement procède à une attaque frontale. Nous l’avions
plus qu’entrevu lors de la réforme des retraites. Les
mobilisations des précaires, des intermittents et de la fonction publique hospitalière... l’ont montré.
Seule désormais une riposte interprofessionnelle
massive peut mettre un terme au déferlement de ces
attaques libérales.