La situation à l’Université de Lyon II
La situation à l'Université de Lyon II
Le contexte national... le gouvernement Hollande dans la continuité de Sarkozy.
La loi PECRESSE de 2007 relative aux « libertés et responsabilités des universités », est connue sous le nom de “loi LRU” ou “loi sur l’autonomie des universités”. L'autonomie notamment financière (gestion du patrimoine immobilier, des salaires et des emplois d’enseignants) a déjà conduit la moitié des universités françaises à des budgets déficitaires. La loi Fioraso adoptée le 22 juillet 2013 confirme la politique impulsée sous Sarkozy : autonomie (dont on voit les dégâts) et mise en concurrence des Universités. Elle incite au « rapprochement avec les Entreprises » et prévoit un nouvel échelon institutionnel, la Communauté d’Université ( Lyon I, II, III et Saint-Étienne par exemple).
La situation à Lyon II... une crise aggravée par le président.
Dix-huit mois après son élection à la tête de l'université, le Président de Lyon II, Jean-Luc Mayaud fait l'objet de fortes contestations. Trois vice-présidents ont démissionné depuis fin septembre. Cette crise s'inscrit dans le contexte national, mais aussi par une gestion très personnelle, calamiteuse, sans transparence et autoritaire. Nous publions dans les pages suivantes des éléments sur ce qui s'est passé jeudi 21 novembre avec l'intervention de la police dans l'Université et la l'interpellation de 4 militant-e-s de la FSE (voir ci-après). Voir aussi : http://www.rue89lyon.fr/2013/11/23/crs-lyon-2-temoignage-un-etudiant-contestataire/
La Fédération Syndicale Étudiante (FSE) et la fédération Étudiante des syndicats SUD Étudiant ainsi que des syndicats étudiants autonomes on créés depuis début 2003: Solidaires Étudiant-e-s. Sur le Lyon, c'est essentiellement à Lyon II que des étudiant-e-s sont adhérent-e-s à la FSE/Solidaires Étudiant-e-s. Une rencontre a eu lieu la semaine dernière entre Solidaires Rhône et le syndicat FSE de Lyon II qui va s'appeler dans les prochaines semaines Solidaires Étudiant-e-s. Des initiatives communes, notamment en direction des étudiants salariés précaires sont en préparation. |
Quand la présidence de l’université fait arrêter des étudiants
Ils étaient plus d’une centaine à protester contre l’opacité du congrès élargi convoqué par le président de l’université, congrès qui devait examiner les possibilités de «dépasser» la crise institutionnelle. Une manifestation avait été appelée par le comité de lutte de l’université, mandaté par l’Assemblée générale des étudiants (qui avait réuni 150 personnes), afin d’empêcher la tenue du congrès jugé non-démocratique. La BAC et la police nationale ont été appelées par la direction et ont violemment chargé les étudiants qui occupaient le Congrès élargi. Après cela, comment Jean-Luc Mayaud qui évoquait dans son dernier mail l’université où convergent les intérêts de tous -étudiants, personnels, enseignants, équipe présidentielle- nous fera t-il croire à l’université-sanctuaire? Monsieur Mayaud organise avec son équipe restreinte la gestion de pénurie qui conduit à la privatisation de l’université: il sait que cette privatisation ne peut qu’aggraver les conditions de travail des personnels les plus précaires et lisser des programmes déjà bien consensuels. Il sait qu’elle ne répond qu’aux intérêt du patronat.
(extrait de l'information publiée le 21 novembre au soir par le comité de mobilisation soutenu par la FSE/Solidaires Étudiant-e-s.)
Compte-rendu
des élus PAU (Pour une Autre Université) (extraits)
Pas
de congrès, mais les CRS … Suite
à sa lettre envoyée à toute la communauté universitaire sur la
crise à Lyon 2 et à sa posture de “président sacrificiel”, JL
Mayaud avait donc convoqué un congrès élargi ce jeudi (...). L’AG
étudiante organisée la semaine dernière à Bron avait pour sa
part appelé à un rassemblement avant le congrès. La Présidence
ne communique pas depuis des mois sur ce qui se passe (silence radio
suite à la démission des Vice-Présidents), l’envoi d’une
lettre au ton catastrophiste à tous les personnels et à tous les
étudiants a beaucoup intrigué. Nombre d’étudiants étaient à
la demande d’informations.
Une petite centaine d’étudiants
mobilisés ont forcé l'entrée du Grand Amphi. Ils ont scandé, non
sans humour, quelques slogans sur le “Président sacrificiel”,
réclamé de la démocratie à l’Université et chanté...
l’Internationale. Il n’en fallait pas plus pour que le Président
de Lyon 2 prenne peur d’un éventuel sacrifice public et il ne
s’est donc pas présenté devant le Congrès qu’il avait
lui-même convoqué. Ni lui, ni aucun membre de son équipe. Au bout
d’une quarantaine de minutes, le directeur adjoint des services,
est venu annoncer que les élus étaient invités à se rendre
devant le bâtiment Athéna (…). Nous avons été quelques-uns à
refuser de nous prêter à cette mascarade, c’est-à-dire
l’organisation d’un congrès en catimini. Alors que nous étions
dans la cour, quelques élus montaient discrètement dans
l’immeuble de la Présidence. Manège vite repéré par les
étudiants qui ont donc décidé d’entrer à leur tour dans ce
bâtiment. La porte étant gardée par les agents hygiène-sécurité,
les échanges sont devenus vifs et les étudiants ont à nouveau
forcé l’entrée. Une cinquantaine d’entre eux se sont retrouvés
au 1er étage à tambouriner contre la porte de la Présidence,
avec, pour seuls interlocuteurs, des agents de sécurité.(...).
La
situation étant assez tendue, nous avons proposé (...) d’échanger
entre étudiants et personnels. C’était aussi une façon d’éviter
les affrontements, de faire tomber la tension et de montrer aux
étudiants qu‘ils pouvaient trouver des interlocuteurs(...). La
demande d’amphi transmise à la présidence, via le service de
sécurité, n’a reçu aucune réponse. Cette AG s’est cependant
déroulée dans le calme (...). Elle a donné lieu à des
interventions croisées d’étudiants et de personnels sur la
situation, le passage forcé à la CUE, les coupes budgétaires,
etc. Les étudiants ont élaboré un communiqué, l’ont fait voter
et s’apprêtaient à partir dans le calme. C’est à ce moment
que les portes de la Présidence se sont enfin ouvertes, qu’un
individu portant l’écharpe tricolore (tenez-vous bien !) a crié
“ordre de dispersion”, puis “les forces de l’ordre vont
charger”. Il était accompagné d’une trentaine de CRS.
L’ensemble des personnes présentes dans le hall ont été
reconduites en bas de l’édifice, puis dans la cour. En plus des
CRS, une bonne vingtaine de policiers en civil étaient présents
dans les locaux de l’université. Ils ont demandé aux vigiles de
leur désigner “les meneurs”.
JL Mayaud, avec les
quelques vice-présidents encore en fonction, a donc fait encore
plus fort que ses prédécesseurs. Il dégaine plus rapidement. Le
mouvement étudiant n’a pas encore pris qu’il envoie déjà les
CRS dans l’enceinte de l’Université. Nous aurons droit d’ici
peu à un communiqué sur les “inqualifiables dégradations
matérielles, la violence d’éléments extérieurs à
l’Université, etc.”. Le président tentera immanquablement de
rassembler autour de lui en faisant peur. Il continuera à mépriser
toute forme de démocratie universitaire dès lors que la parole ne
lui est pas favorable Force est de constater qu’aujourd’hui,
tout a été fait par l’équipe en place pour fuir le débat et
que rien n’a été tenté pour éviter une escalade de la
violence.
Tract du comité de mobilisation qui appelle à continuer la lutte. (principaux extraits) (…) La présidence de l’université devant ce qu’elle a elle-même désigné comme une « crise » avait appelé à un conseil élargi (qui semblait n’exclure personne) censé trouver des solutions autour d’un petit nombre de responsables et d’élu-e-s. Le mail envoyé dimanche dernier à l’ensemble des étudiant-e-s et des personnels expliquait que la crise dépassait largement le cadre de l’université Lyon 2(...). Quand la Démocratie sauce Mayaud tourne au vinaigre…Près d’une centaine d’étudiant-e-s ont tenté de participer légitimement à un conseil opaque (...). La LRU a réduit de 25% la représentation étudiante au sein de ces Conseils. L’accès au Congrès nous a été refusé par un barrage des agents de sécurité incendie, sous ordre de la direction. C’est en effet une technique assumée de la présidence d’utiliser ces agents de sécurité incendie comme une véritable milice. Aucun coup n’a été porté sur ces agents (contrairement au communiqué officiel de la présidence). Les éventuelles blessures sur les agents alléguées par Jean-Luc Mayaud sont donc purement accidentelles. Notre seule « violence » que le président et les médias ne cessent de mettre en avant fut une poussée collective pour rentrer dans l’amphithéâtre... (...) Le dialogue version Mayaud, c’est porte fermée, matraque et garde à vue pour les étudiant-e-s mobilisé-e-s !Nous avons donc pu rentrer dans le grand amphithéâtre, lieu du congrès « élargi », celui-ci n’avait pas commencé et nous nous sommes tous installés. (…). Le président a refusé de venir s’exprimer devant nous. Une ½ heure plus tard un membre de l’administration a demandé aux élus du congrès de sortir du Grand Amphi afin de réaliser la réunion dans le bâtiment de la présidence. Nous avons donc suivis les invités autorisés et avons du forcer l’ouverture de la porte du bâtiment présidentiel. Nous avons réclamé audience au président retranché dans son bureau. Tandis que nous étions dans l’attente d’un interlocuteur (autre que les vigiles) nous avons décidés de tenir dans le couloir, assis et dans le calme, une assemblée élargie, spontanée, avec l’ensemble des étudiants et du personnel qui refusaient le simulacre de démocratie organisé par Mayaud. Mais c’est alors, que le président donna l’ordre à plusieurs dizaines de CRS d’intervenir violemment pour nous déloger et nous soumettre à une souricière, savamment organisée. S’en sont suivis des coups de matraque (dont certains réitérés sur des étudiant.e.s à terre), 6 interpellations effectuées avec une grande violence, ciblant entre autres des syndicalistes étudiant-e-s connu-e-s, et répondant à des identifications opérées par des agents de sécurité incendie.
Mayaud croit pouvoir réduire aujourd’hui notre mouvement à un groupe de « meneurs », qui serait orchestré par un syndicat étudiant. S’il pense qu’en réprimant ceux qu’il identifie comme les « meneurs » du mouvement, ce dernier s’éteindra, la Présidence commet une grave erreur d’analyse. Nous ne sommes manipulé-e-s par personne, notre combat est légitime et continuera malgré la répression ! La crise ? Un symptôme de la destruction massive par les réformes Pécresse-FiorasoCette réaction, les démissions consécutives de vice-présidents et l’intervention policière traduisent un processus politique de liquidation de l’université publique et la volonté de l’imposer par la force si nécessaire. (...)
Elle prépare à court terme maintenant, si nous nous laissons faire, l’alternative entre la faillite budgétaire des universités, et des augmentations de droits d’inscriptions pour tou-te-s les étudiant-e-s. Par la présidentialisation des universités et l’introduction de personnalités extérieures toujours plus nombreuses dans les conseils elle tend à transformer les établissements d’enseignement supérieur en université-entreprise dirigées par un comité de pilotage restreint et autocratique. (...)
Leur répression ne stoppera pas notre mobilisation ! Les arrestations ciblées, violentes et injustifiées, renforcent notre détermination autour d’un rassemblement plus que jamais nécessaire. Nos revendications : - Abrogation des lois LRU et Fioraso - Abandon des poursuites contre les interpellés et retrait des plaintes de la présidence - Banalisation des cours du mardi 26/11 dès 12h - Droit de réponse du comité de mobilisation à travers la diffusion d’un mail à l’ensemble des membres de Lyon 2. TOUS EN ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MARDI 26/11 sur le campus de Bron 12H amphi C (bâtiment K) |
Union Syndicale Solidaires Rhône,125 rue Garibaldi, 69006 Lyon