L’éducation civique à coups de matraque
Contrairement à ce à quoi s’attendaient gouvernement et syndicats, le mouvement lycéen n’a pas cessé avec le vote de la loi Fillon le 24 mars. Minoritaire mais déterminé, le mouvement s’est poursuivi, s’attirant cette remarque de la proviseur du lycée Turgot : « Depuis 1968, c’est la première fois que je vois cela » (Le Monde du 23 avril).
Des proviseurs qui auront tout essayé pour casser le mouvement : conseils de discipline, appels aux flics, intimidations adressées aux associations de profs ou de parents dont le seul tort est de soutenir la lutte de leurs enfants ou élèves. Le proviseur du lycée Montaigne déclare : « J’éprouve un sentiment de révolte contre ceux qui ont encouragé les lycéens à manifester contre une loi votée ».
Mais voilà : même votée, les lycéens n’en veulent pas. Alors, lorsque les couinements des proviseurs n’y suffisent plus, la matraque surgit pour faire rentrer la loi dans le crâne des lycéens. Violences policières lors de l’expulsion des occupations de lycées, inspections académiques ou annexes du ministère ; arrestations et gardes à vue ; et, au final, poursuites judiciaires. Force doit rester à la loi, à leur loi. Peu importent l’injustice de la loi et l’injustice de son application.
Un proviseur s’inquiète, toujours dans Le Monde, des cours d’éducation civique manqués par les élèves. Les lycéens n’ont plus besoin d’éducation civique. Chaque coup de matraque leur aura appris, bien mieux que n’importe
quelle leçon dispensée par l’Éducation nationale, la véritable nature de cette démocratie.