Pétition de refus de la journée de commémoration du souvenir de Guy Môquet, du 22 octobre

vendredi 19 octobre 2007

Pétition proposée par un adhérent de Sud Rhône. A utiliser sans modération !


Pétition G. Môquet

Pétition de refus de la journée de commémoration du souvenir de Guy Môquet, du 22 octobre.


A Monsieur le Ministre de l’Education Nationale,
A Messieurs les inspecteurs académiques,
A Messieurs les inspecteurs pédagogiques régionaux,



Par la lettre de Monsieur le Ministre de l’Education Nationale publiée au BOEN du 2 août 2007, nous sommes invités à organiser une journée de commémoration en hommage à Guy Môquet et à ses compagnons résistants, morts fusillés. Face à l’émotion et aux réactions, vives, suscitées par cette injonction, nous avons souhaité vous exposer les raisons de notre refus de participer à la journée telle qu’elle nous est présentée. Pour l’ensemble des personnes concernées ici, il ne s’agit pas de s’inscrire dans des querelles politiques, mais de continuer à faire valoir la déontologie et les règles qui régissent l’exercice de notre métier.

Tant en Philosophie qu’en Histoire ou en Lettres, nous nous efforçons d’amener nos élèves à construire un savoir réfléchi, argumenté et raisonné, qui se situe hors du registre de la « simple » émotion et du pathos. Comme les programmes nous y enjoignent, nous abordons ainsi régulièrement les enjeux liés à la mémoire de la Résistance en France, sans que cela ne nous pose le moindre problème. Au contraire, il est souvent très stimulant d’amener les élèves à réfléchir sur la manière dont s’élabore la mémoire collective et sur la distinction, nécessaire, entre mémoire et connaissance scientifique. Or, il nous semble qu’à travers la lecture de la lettre de Guy Môquet à sa mère, les enjeux sont tout autres. Que ce soit par le souci de créer un événement d’envergure nationale, par le choix d’un texte dont l’intérêt réside surtout dans sa charge émotionnelle, il semble que l’on cherche d’abord à instrumentaliser le passé historique à des fins édifiantes, comme l’affirme d’ailleurs la lettre de Monsieur le Ministre. Nous n’entendons pas discuter ici du fait qu’une telle pratique commémorative fasse sens pour la communauté nationale, au même titre que le 11 novembre ou d’autres dates renvoyant à divers épisodes de notre passé. Néanmoins, nous sommes choqués que l’on nous demande d’investir l’école de ce genre de missions et nous entendons réaffirmer notre rôle dans l’accompagnement des élèves vers une démarche critique et réflexive. Par ailleurs, suivant en cela de nombreux membres de la communauté scientifique, nous refusons également de voir l’enseignement du passé se réduire à une collection d’exempla susceptibles d’émouvoir, mais extraits d’un contexte qui, seul, peut leur donner sens. Le risque est alors grand de véhiculer une connaissance partielle et tronquée du passé, voire de le réécrire. A travers Guy Môquet et ses compagnons, l’ampleur de la Résistance nous semble très exagérée par rapport à la réalité historique que nous nous efforçons d’enseigner. On ne peut que se demander qui sont « Tous ces jeunes Français d’alors, passionnément attachés à la liberté au point de sacrifier leur propre vie pour défendre celle des autres » quand une grande partie de la France s’accommode de l’Occupation, au moins jusqu’en 1942/1943. De telles pratiques nous rappellent un usage de l’histoire, il est vrai attaché aux grandes heures de la République, mais que l’on pensait disparu aujourd’hui. Nous pensions suivre en cela non seulement l’évolution de la science historique, mais aussi l’enseignement dispensé dans le Supérieur, dans les I.U.F.M. et par nos Inspecteurs Pédagogiques Régionaux, d’où notre surprise de les voir souscrire à une telle démarche.

Notre refus est également motivé par la formulation même de l’injonction qui nous est faite. A l’encontre de la liberté pédagogique constitutive de nos statuts, il est ainsi demandé aux chefs d’établissement et au corps des inspecteurs de s’assurer que cette journée soit effectivement organisée par les enseignants, notamment «  à fins de valorisation ». Nous avons pleinement conscience d’être des fonctionnaires de l’Etat, et nous nous acceptons volontiers d’œuvrer à la mise en œuvre des programmes qui nous sont proposés par les commissions de spécialistes. En revanche, nous refusons de nous voir dicter la démarche à suivre dans nos cours, comme le prévoit la lettre : lecture à 8 heures, invitation appuyée à se rapprocher des associations de mémoire, commentaire de la lettre... Nous nous inquiétons vivement du rapprochement qui est fait ici entre application du texte, vérifications à l’appui, et promesses de « valorisation ». En tant que fonctionnaires, nous nous efforçons tous d’accomplir nos missions en personnes responsables, conscients d’avoir affaire à un public spécifique. Néanmoins, les règles de notre métier nous sont aussi dictées par une déontologie qui relève d’impératifs pédagogiques et d’impératifs propres à nos matières, auxquelles nous avons été formées. A ce titre, la lettre de Monsieur le Ministre nous semble relever d’une position surprenante vis-à-vis de nos missions... Celles-ci, telles qu’elles sont encore définies à l’heure actuelle (transmission de savoirs et de compétences), restent le seul critère sur lequel nous acceptons d’être évalués.

En conséquence, nous espérons tous, Monsieur le Ministre, Messieurs les inspecteurs, que vous entendrez la gêne occasionnée par cette journée et par votre lettre, et que vous comprendrez les raisons de notre refus.

Pétition de refus de la journée de commémoration du souvenir de Guy Môquet, adressée à Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, à Messieurs les Inspecteurs académiques et à Messieurs les Inspecteurs Pédagogiques Régionaux  :

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