Liberté pédagogique à la sauce Blanquer : "Une seule méthode : la mienne !"

mardi 26 juin 2018

Après le Nord, Marseille, et l’Orme, des enseignant.e.s du Rhône (Vénissieux, Villefranche et la Duchère) ont eu la surprise de se voir proposer un protocole nouveau de phonologie pour les élèves de CP. Heureusement, ce protocole, d’abord perçu comme obligatoire par les directeurs et directrices auxquel.le.s il a été présenté en premier lieu, ne l’est en fait pas, et ça tombe bien, car ce serait illégal.
Allons donc voir de plus près ce qu’est cette association « Agir pour l’école ».
Première surprise, l’un des membres du comité de direction est Laurent Bigorne, président, directeur de l’Institut Montaigne. L’institut Montaigne fut fondé par Claude Bébéar, homme d’affaires clairement positionné dans la droite ultra libérale, et également présent dans le comité directeur d’ « agir pour l’école ». Parmi les partenaires, nous retrouvons les fondations Total, Bettancourt-schueller, HSBC, mais aussi AXA, le groupe Dassault et la Société Générale. De grands courants pédagogiques, de renom international, quoi...
Parmi les publications de cette association, nous pouvons voir le livre de Jean-Michel Blanquer : « L’école de demain ». Dans ce livre, notre ministre nous livre sa vision de l’école et les aspirations qu’il a pour elle. Quatre principes fondent son projet pour l’école : l’autorité émanerait des directeurs et directrices et chef.fe.s d’établissement transformé.e.s en supérieur.e.s hiérarchiques ; l’autonomie accrue des établissements permettraient à ces chef.fe.s de décider des dotations horaires entre les disciplines et du recrutement ; la focalisation sur les « fondamentaux », c’est-à-dire un enseignement quasi exclusif de maths et de français ; et enfin, un tri et une professionnalisation précoce des élèves.
Il faut ajouter à cela une foi totale dans les sciences cognitives et nous commençons à en avoir un tableau inquiétant.
Nous n’allons pas ici insister sur la méthode elle-même, chacun pourra se faire son avis, même s’il y a des arguments contre, comme par exemple son efficacité : les bilans prouvent qu’elle n’est pas meilleure que les autres, particulièrement sur la compréhension. Mais ce qui ici est à l’œuvre, c’est une uniformisation des pratiques. Notre ministre veut homologuer une méthode, un outil, mettre tou.te.s les enseignant.e.s et les élèves dans un moule unique, première pièce à l’institutionnalisation de manuels scolaires labellisés par le ministère.
Mais les enseignant.e.s sont les concepteurs et les conceptrices de leurs enseignements, et s’appuient sur une variété de pratiques et de courants pédagogiques qui ont fait leurs preuves. De la même manière, les élèves ne devraient pas être de la chair à patrons, corvéables à merci, sans aucun esprit critique ni aucun discernement.
Si Mr Blanquer veut s’appuyer sur des études ou des pratiques innovantes, pourquoi n’a t-il pas pris celle réalisée aux Etats-Unis qui montre que la diminution du nombre d’élèves par classe est un facteur durablement déterminant pour la réussite des élèves ?
Pourquoi ne parle-t-il pas du nombre d’heures annuelles de formation des enseignant.e.s de Singapour (100 par an, quand pour nous, c’est 18 heures ? )
Pourquoi ne parle-t-il pas de la corrélation qui existe entre les salaires des enseignant.e.s et la réussite des élèves ?
Pourquoi ne parle -t-il pas des RASED, de la généralisation des postes de PMQC ?
Bref, ils essaient de nous vendre une « méthode miraculeuse » à moindre coût (quelques photocopies) quand il faudrait commencer par donner plus de moyens à notre système scolaire.
Peut-être que nos enseignements pourraient être plus efficaces, mais cela doit passer par des temps de formation variés, conséquents et de qualité, tout comme il est essentiel de maintenir la diversité de nos pratiques pédagogiques.
SUD Education revendique ... la liberté pédagogique et des programmes adaptés à celle-ci :
• des programmes qui favorisent l’expérimentation, l’esprit critique, la coopération, la démocratie à tous les niveaux dans l’école, la classe…
• des programmes qui ne hiérarchisent pas les domaines de connaissance (abandon du socle commun, réaffirmation de l’importance de toutes les disciplines).


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