La mise au pas du "Grand débat"

Article de SUD-Education Charente Maritime
jeudi 11 novembre 2004

Mis en branle après le mouvement du printemps 2003, le « Grand Débat truqué » lancé à l’automne de l’an dernier branlait dans le manche : 90% de la profession le savait et n’y participa pas.

Mis en branle après le mouvement du printemps 2003, le « Grand Débat truqué » lancé à l’automne de l’an dernier branlait dans le manche : 90% de la profession le savait et n’y participa pas. Personne ne l’ignorait : les conclusions de la « réforme » qui rentrerait en vigueur à la rentrée 2006 en étaient déjà tirées dans les propositions des fiches préparatoires, et Luc Ferry indiquait clairement lors d’une audition à l’Assemblée Nationale le 28 octobre 2003 que « « S’agissant de réformes plus profondes du système éducatif français, il serait délicat au moment où il a été décidé d’ouvrir un grand débat national, de préempter ce débat en annonçant dès aujourd’hui de vastes réformes » : ce « Grand Débat » à 10 milliards d’euros, et quel que soit son déroulement, allait simplement préparer les objectifs déjà déterminés (par exemple par la décentralisation que SUD Education n’entérinera pas) de la prochaine loi d’orientation : mise au pas des personnels, abandon définitif d’une école qui apprend au profit d’une école qui « forme », ouverture affirmée sans vergogne de ce qui devient un « capital scolaire » aux entreprises. Les représentants de la « gauche » à l’Assemblée Nationale ne verront d’ailleurs là guère de différences avec ce qu’eux-mêmes préconisaient, à commencer par Mme. Ségolène Royal, ancienne Ministre Déléguée chargée de l’enseignement scolaire.

Ce rapport fait par ailleurs en partie l’impasse sur les questions pédagogiques, alors même que la propagande médiatique n’a de cesse depuis la rentrée 2004 de présenter l’affrontement de ceux qu’elle nomme les « républicains » contre les « pédagogistes » comme une énième lutte des tenants d’une école répressive contre ceux d’une école permissive. Affrontement que M. Fillon, celui-là même qui fut combattu dans la rue au printemps 2003 concernant la loi qu’il organisa sur l’allongement de la durée des cotisations pour la retraite, compte bien reprendre à son compte : le dernier exemple absurde, mais que le ministre saura bien mettre en valeur lors de l’émission « cent minutes pour convaincre » du 18/11, est celui du rétablissement des punitions collectives : après tout, cela lui permettra sans doute de se gagner quelques télespectateurs admiratifs devant les méthodes du « pensionnat de Chavagnes ». Mais il se gardera bien de présenter ce qui fait le fond du débat : la disparition de l’école comme lieu d’un apprentissage de savoirs. Certes a-t-il perçu un certain vocabulaire dont M. Thélot use dans son rapport, tel celui d’un « socle commun de connaissances fondamentales à acquérir par l’élève » : il s’agit là pour lui de vider les mots de leur sens, pour mieux détruire les programmes d’un enseignement digne de ce nom dans les années à venir.

Reste aujourd’hui à compter les voix qui se font entendre sur ce qui devrait faire l’objet d’un sauvetage encore possible : qui lutte contre la diminution des horaires d’enseignement, sans cessesrognés ? Qui pour s’opposer à la mise en place des « réseaux d’écoles » en primaire, sous le contrôle des communautés de communes elles-mêmes dépendant du bassin d’emploi et des entreprises locales ? Qui pour demander la suppression des IDD, TPE, ECJS, et autres PPCP (ces derniers ayant été dénoncés par SUD Education), qui permettront tout naturellement d’inclure les projets d’autonomisation, de responsabilisation ou de « civilité » des élèves, les projets des parents d’élèves associés à la disparition de programmes d’enseignement nationaux, ou encore les projets « d’enseignement » des établissements rendus autonomes ? Qui pour dire non à la réforme des enseignements en classe de 3ème, applicable à la rentrée 2005 ? Quel syndicat ou quelle association se fait entendre aujourd’hui sur la fermeture des séries techniques STT, sans même qu’un bilan n’en ait été fait, et de leur refonte en « STG » à la rentrée 2005 ? Qui s’oppose à la manipulation des programmes d’enseignement et à la casse des épreuves des examens du brevet et du baccalauréat, notamment en français, avant que l’on ne puisse alors les déclarer obsolètes, ou en faire des B2I ? Qui aujourd’hui pour se préoccuper des enseignements généraux dans les lycées professionnels, où les élèves sont livrés, via les « lycées des métiers », au MEDEF et aux entreprises, qui quant à elles s’engagent dans la formation des professeurs pour qu’ils adaptent tout leur enseignement sur leur branche d’activité locale ? Qui pour dire non à la refonte préparée des rôles des Conseillers Principaux d’Education ? A la refonte des concours de recrutement des personnels d’enseignement, et au matraquage qui s’opère dans les IUFM ?

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La mise au pas du "Grand débat"

Dans l’article est indiquée une demande de suppression des TPE : j’ai appris qu’hier Fillon avait annoncé cette suppression pour la rentrée 2006. Il va de soi que ce qui est dit dans l’article s’oppose à une telle décision si elle n’est pas accompagnée du rétablissement des horaires d’enseignement (elle-même évoquée dans l’article), qui avaient été supprimés pour l’établissement des IDD et des TPE (horaires-plancher en collège pour les IDD, horaires de LV2, de philo, ... diminués en lycée).


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