La lutte contre les préjugés sexistes dans la Fonction publique : une mascarade ?

Lettre ouverte aux directeurs de l’IRA de Lyon et de l’ENS de Lyon
mercredi 10 août 2016

A propos d’une formation de l’IRA de Lyon proposée à l’ENS de Lyon

L ’Institut régional d’administration (IRA) de Lyon, comme les quatre autres existants en France (Bastia, Lille, Metz et Nantes), rattaché au Premier ministre, et placé sous la tutelle du ministère de la Fonction publique, est un établissement public chargé de la formation des attachés d’administration de l’État. Sur le site web de l’IRA de Lyon, il est stipulé que l’offre de « formation innovante » vient répondre à « l’ampleur des réformes engagées par le gouvernement et l’accélération de leur rythme [qui] requièrent la mise en place de dispositifs d’accompagnement à destination des cadres et des agents de la fonction publique. ».

Nous avons incidemment découvert, par la présentation du Plan de formation 2016
de l’ENS de Lyon, que l’IRA proposait des formations de « développement personnel » qui, non seulement encourageraient la critique de soi et les préjugés sur les apparences physiques, mais renforceraient également les normes sexistes au sein de nos environnements de travail.

L’IRA offre en effet depuis 2016, une nouvelle formation « de pointe », intitulée « Bien dans son image » ! Tout d’abord, l’intitulé de cette formation montre bien une
injonction à correspondre à une image spécifique pour être « bien » – ce qui
encourage les préjugés sur les apparences. Mais surtout la formation est divisée en 2 sessions de 2 jours, avec des contenus distincts selon qu’elle s’adresse aux personnels dits « féminins » (88 – voir annexe 2) ou aux personnels dits « masculins » (101 – voir annexe 1).

Ce dispositif discriminatoire contrevient tout simplement à la loi, cf. l’article L.1132-1
du code du travail :

Aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement ou de l’accès à un stage ou à une période de formation en entreprise (...) en raison de son origine, de son sexe, de ses mœurs, de son orientation ou identité sexuelle, de son âge, de sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son nom de famille, de son lieu de résidence ou en raison de son état de santé ou de son handicap.

En outre, l’Accord National Interprofessionnel sur le harcèlement et la violence au
travail du 26 mars 2010, prévoit que l’employeur doit lutter contre les stéréotypes.

Or ces formations visant à « l’optimisation de son identité visuelle » sont clairement
sexistes puisque la version dédiée aux femmes introduit « maquillage »,
« accessoires », « coiffure », et « techniques de mises en valeur » qu’on ne retrouve pas dans la version « hommes ». Cette offre de formation est arriérée et
dégradante. Elle encourage une (di)vision genrée des travailleurs/euses et le sexisme sur le lieu de travail comme le rappelle l’Article 6bis de la loi du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires :

Aucune distinction, directe ou indirecte, ne peut être faite entre les fonctionnaires en raison de leur sexe.

Enfin, on peut s’interroger sur la pertinence de ces savoir-faire, qui n’ont que peu à
voir avec de véritables compétences professionnelles. Au contraire, ces « formations » relèvent plus d’un formatage et sont révélatrices d’une dérive managériale qui essentialisent les différences et encouragent l’intériorisation de préjugés sur les apparences physiques (« connaissances techniques pour aider à trouver ou améliorer son image », « codes vestimentaires », « style » et, pour la version adaptée à l’ENS de Lyon, : « dresser le bilan de son image professionnelle », « Identifier les composantes de son image, auto-diagnostic »). En encourageant leur personnel à adopter une logique de marchandisation d’eux/elles-mêmes sur des critères d’apparence physique, l’IRA et l’ENS de Lyon, révèlent une conception réductrice de la formation professionnelle continue, et une vision non seulement paternaliste et condescendante mais ce qui est pire, sexiste des personnels, hommes et femmes, administratifs/ves et d’accompagnement de la recherche.

C’est pourquoi nous demandons à l’IRA et l’ENS de Lyon de supprimer cette
formation sexiste et dégradante et de la remplacer par une formation qui
aborderait notamment les questions suivantes :

- Ne plus séparer les formations H/F
- Ré-intituler la formation : « Image de soi et préjugés au travail »
- Proposer une réflexion critique sur l’intériorisation des préjugés sexistes
- Proposer une réflexion critique sur l’intériorisation des préjugés sur l’apparence
physique (de soi / des collègues)
- Travailler au bien-être des personnels en les aidant à se libérer du regard des
autres sur leur apparence
- Proposer des techniques de prise de confiance en soi au-delà des apparences

Signataires :

Sud Culture, Sud Recherche EPST , Sud Education, FSU, Collectif ENS en lutte


Documents joints

formation sexiste tract et annexes

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