Chapitre 7 analysé par SUD Éducation 81

mercredi 10 novembre 2004

Ce chapitre intitulé « pour une éducation concertée avec les parents » semble reprendre la notion de communauté éducative qui se trouvait dans la loi d’orientation de 89 et prônait la complémentarité des parents et des enseignants. Après avoir pointé l’incapacité de l’école à motiver les parents à s‘investir davantage dans les écoles, collèges et lycées, le texte en appelle donc à une application volontariste de ladite loi antérieure afin de renforcer la relation entre les parents et les enseignants.

D’après les recommandations, ce lien deviendrait obligatoire, personnalisé, continu et serait systématiquement étendu à tous les parents, avec un effort spécial en direction de ceux qui sont le plus éloignés de l’école. Il permettrait d’impliquer les parents dans ce qui relève actuellement de la vie scolaire et de l’orientation ; de faire appel à eux pour les manifestations festives propres à renforcer le sentiment d’appartenance ; de les intégrer dans des missions locales ou nationales en liaison avec des associations familiales, culturelles, sportives, sociales et sanitaires ; il s’agirait enfin de favoriser une meilleure participation de leurs représentants élus ou volontaires au fonctionnement des établissements. En tant que militants pour une société fondée sur une réelle égalité, nous ne pouvons que nous réjouir de mesures favorisant le rapprochement des élèves, parents et enseignants au sein d’un même collectif.

Cependant nous apercevons une contradiction dans le fait qu’il existe déjà dans l’éducation nationale des personnels répondant - ou pouvant répondre - aux préconisations fixées par ce chapitre, et qu’il n’est pas prévu de faire appel à eux. Ce sont, par exemple, des maîtres ou professeurs du primaire mis à la disposition pour des actions liées aux loisirs, à la culture ou au sport. Ce sont aussi, dans le secondaire, les professeurs principaux chargés d’assurer la liaison entre les familles et l’école. Ce sont enfin des personnels qualifiés faisant déjà l’interface entre parents, élèves et enseignants - C.P.E, assistantes sociales, médecins scolaires, infirmières ou conseillers d’orientation et psychologues - dont le rôle ne demanderait qu’à être revalorisé ou élargi. Or, au lieu d’aller dans ce sens, les politiques de restriction budgétaire de ces dernières années n’ont cessé d’affaiblir l’action de ces personnels déjà en place, allant jusqu’à programmer, pour une bonne part d’entre eux, leur éviction de la fonction publique d’état. Cette contradiction entre le but affiché et les moyens d’y parvenir invalide le caractère progressiste du projet.

Qui donc, dans ces conditions, serait chargé de mettre concrètement en œuvre l’accueil, l’intégration et la participation des parents ? A cette question le rapport répond catégoriquement que ces tâches reviendraient aux enseignants dont on accroîtrait la productivité de quatre à huit heures par semaine. Du coup il faut craindre que ce surcroît de travail conjugué avec l’impératif de réduction des moyens alloués à l’école ne se traduise par un enseignement au rabais.

En fin de compte, la logique de ce chapitre n’apparaît qu’à la lumière de l’idéologie ouvertement économiste qui prévaut pour l’ensemble du rapport. Ainsi pour ce qui concerne les parents, promus acteurs de « l’éducation au choix », il s’agirait avant tout de les rendre responsables de la future employabilité de leurs enfants, sur les conseils et les injonctions du patronat installé en bonne place auprès d’eux dans l’école. Les parents favoriseraient la concrétisation d’un des plus vieux rêves du capitalisme : le pouvoir de disposer d’un système scolaire produisant la quantité et le type de travailleurs dont son économie a précisément besoin. En contrepartie, le texte fait miroiter aux parents l’accession à la fonction de contre-pouvoir face à la prétendue hégémonie de la corporation enseignante et de ses syndicats. Il faut dénoncer le caractère démagogique et menteur de cette promesse, qui n’est qu’une continuation de la stratégie orchestrée par Allègre en son temps, et rappeler, qu’en dernière instance, ce ne seraient pas les parents qui accroîtraient leur pouvoir de peser sur le sort de leurs enfants, mais les maîtres du secteur économique privé, qu’ils soient d’importance, régionale, nationale ou européenne. Enfin et parallèlement à cela, le texte annonce une reprise en main des pans du secteur associatif qui sont plus ou moins en rapport avec l’éducation et échappent encore à la marchandisation ; ceci se ferait avec les mêmes acteurs, parents et enseignants, placés sous le contrôle d’une institution scolaire elle-même sous contrôle patronal.

Dans une école ayant perdu son pouvoir d’émanciper ceux qui lui sont confiés, les parents seraient invités à construire la servitude volontaire de leurs enfants.

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Analyse chapitre 7 par SUD-Educ Tarn

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